Ce n’est pas le plus fort qui survit, mais celui qui s´adapte.
Cela est également vrai lorsqu’il s’agit de gérer nos émotions. Ceux qui sont capables d’adapter avec souplesse leur expression émotionnelle dans la vie professionnelle quotidienne ou dans l’interaction sociale en général, réduisent massivement la dissonance émotionnelle et les conséquences associées.
Ceci est décrit dans l´hypothèse « Expressive Flexibility ».
Selon cette hypothèse, un ajustement émotionnel réussi ne dépend pas tant de son propre processus d’autorégulation, mais plutôt de la capacité à renforcer ou à réprimer les émotions dans l’expression non verbale, en fonction des exigences de la situation (Westphal, Seivert, & Bonanno, 2010).
D’après cela, la capacité de flexibilité d´expression émotionnelle n’est pas seulement une solution contre la dissonance émotionnelle, mais aussi un véritable facteur de résilience.
C’est la conclusion à laquelle est parvenue une étude sur les étudiants de New York victimes des attaques terroristes du 11 septembre 2001 : 101 étudiants ont rempli un questionnaire pour mesurer leur santé mentale dans le cadre d’une expérience au cours du premier mois de leur premier semestre à l’université. En outre, les étudiants ont effectué un test pour mesurer la souplesse d’expression émotionnelle. Dans ce test, les sujets ont été invités à interagir avec un logiciel informatique qui présentait des images de différentes expressions émotionnelles non verbales. Le logiciel indiquait aux élèves dans quelle mesure ils devaient également exprimer pleinement, partiellement ou supprimer les émotions montrées. Les sujets ont été filmés à partir d’un miroir sans tain et leurs signaux non verbaux ont ensuite été encodés et leur souplesse expressive émotionnelle évaluée. Après la deuxième année d’étude, les étudiants ont à nouveau rempli le questionnaire sur leur santé mentale et les chercheurs ont évalué dans quelle mesure la flexibilité émotionnelle et expressive était liée aux valeurs des deux tests. En fait, les étudiants dotés d’une grande souplesse d’expression avaient beaucoup moins de stress que leurs camarades à la fin de la deuxième année d’études (Bonanno, Papa, Lalande, Westphal et Coifman, 2004).
Une grande souplesse émotionnelle et expressive conduit à une grande adaptabilité psychologique. Une faible souplesse d’expression, en revanche, conduit à une faible adaptabilité : une autre étude menée auprès d’anciens combattants a montré que plus la capacité de flexibilité de l´expression émotionnelle est faible, plus les symptômes de stress post-traumatique sont nombreux (Rodin et al., 2017). De même, des recherches indiquent qu’une faible souplesse d’expression émotionnelle est associée à une moindre capacité à faire face à la perte d’un partenaire de vie (Gupta & Bonanno, 2011).
Cultiver la sincérité en formant sa flexibilité d’expression émotionnelle
Ceux qui maîtrisent la capacité de s’exprimer émotionnellement ont un accès fonctionnel à tout le spectre des émotions. C’est ce qui fait de la souplesse d’expression émotionnelle (Express Flexibility) une partie si importante de l’Emotional Resourcing que nous formons dans le programme Mesource® (nous définissons l´Emotional Ressourcing comme l’utilisation des émotions comme source de force pour élargir notre réseau de ressources dans le cerveau).
Emotional Ressourcing comme l’utilisation des émotions comme source de force pour élargir notre réseau de ressources dans le cerveau).
Bien sûr, il faut partir du principe que cette capacité peut être acquise. Des études montrent que la flexibilité d´expression émotionnelle est relativement stable dans le temps (Gupta & Bonanno, 2011).
Néanmoins, elle peut être formée comme n’importe quelle autre compétence. Il n’existe pas encore d’études sur ce sujet, mais même le principal chercheur dans ce domaine, George Bonanno, part du principe que la flexibilité d´expression émotionnelle peut être pratiquée pas à pas.
Pour ce faire, nous décomposons cette compétence de base en ses sous-éléments et nous entraînons chacun d’eux individuellement, l’un après l’autre. Dans notre modèle octogonal de la flexibilité d’expression émotionnelle développé par Dirk W. Eilert (Eilert, 2020), ces éléments sont divisés en huit sous-compétences qui se renforcent mutuellement. Pour maîtriser l’expression émotionnelle, ce sont précisément ces huit compétences qui sont en jeu. Le huitième et dernier niveau de compétence est le courage d’être émotionnellement sincère. Car il est finalement décisif et il intègre tous les autres avant lui. Après tout, l´utilisation souple et fonctionnelle de l’ensemble de notre spectre émotionnel vise exactement à cela : cultiver la sincérité au lieu de la dissonance.
Les sous-compétences du modèle Octogone sont décrites ci-dessous (nous reviendrons sur chaque compétence dans des publications séparées) :
1 – Croyances saines sur les émotions
2 – Pleine conscience émotionnelle
3 – Perception de soi
4 – La granularité émotionnelle
5 – Flexibilité émotionnelle
6 – Régulation émotionnelle
7 – Flexibilité d´expression non verbale
8 – Courage de l’honnêteté émotionnelle
Et pour cette dernière sous-compétence, je ne peux que vous encourager à être courageux et à prendre votre place sur le plan émotionnel !
Une fois que vous avez perçu et accepté vos émotions, il faut souvent du courage pour les exprimer aux autres et ainsi se montrer comme une personne qui a des sentiments. Cela nous rend plus vulnérables et plus perméables. Souvent, c’est aussi la peur du rejet qui nous empêche de partager nos vrais sentiments.
La sincérité émotionnelle est la forme la plus pure d’un état émotionnellement congruent : l’harmonie émotionnelle dans laquelle vous exprimez vos sentiments honnêtement et sans détour.
La sincérité émotionnelle conduit aux rencontres les plus honnêtes avec les autres.
Plus nous sommes ouverts et sincères dans nos rencontres avec d’autres personnes, plus la proximité émotionnelle est grande.
Corinne Nowak, Directrice France de l´Académie Eilert – The Science of Emotions